Pour passer de San Pedro de Atacama au Chili à Uyuni en Bolivie (ou inversement), le grand classique, c’est de booker un tour de trois jours en 4×4. On a hésité longtemps (internet regorge d’anecdotes plus ou moins savoureuses concernant des chauffeurs de 4×4 ivres morts) avant d’opter pour l’agence Estrella del Sur. Et pour une fois, on a bien choisi.
 

Au passage de la frotnière Chili-Bolive

 
Levés aux aurores le jour J, nous sautons dans le minibus qui nous dépose, une bonne heure plus tard, au poste frontière, à 4500m d’altitude. Là, avec nos quatre compagnons de voyage, ça colle immédiatement. Tout en avalant, les doigts gelés, pain, fromage, café et thé, nous faisons connaissance. Mathieu et Emilie, trentenaires fraîchement débarqués de Paris, se font trois petites semaines de vacances de Santiago à Lima, rien que ça! Lui, dégaine son reflex digital plus vite que son ombre, et, tel un tireur d’élite, met en joue son sujet pendant qu’Emilie s’impatiente… Un vrai couple, quoi. Jeremy, 25 ans à peine, français lui aussi, voyage seul. Enfin, Anna-Lena, étudiante allemande, le flegme incarné. « Vamos amigos! », clame déjà Alberto, notre guide et chauffeur.

 

A partir de ce moment, on va en prendre plein les yeux. Ça commence fort avec la Laguna Blanca, on enchaîne avec la Verde… Elles vont se suivre mais jamais se ressembler ces lagunas, comprenez de grands lacs de montagne aux couleurs toujours différentes, en fonction de leur teneur en minéraux divers (ne me demandez plus lesquels). Alors que nous déclenchons frénétiquement notre GX1, une vigogne passe en courant devant nous. On a du mal à respirer. On ne sait plus très bien si ce sont les paysages ou le manque d’oxygène qui nous coupent le souffle! En fin de journée, la Laguna Colorada (rouge sang) remporte tous les suffrages!
 

 
Avec nos gais lurons, nous passons la première nuit à 4500m d’altitude. A six dans un dortoir… rudimentaire. Le souffle est court, le maux de tête se font persistants et la nuit est fraîche. Mais l’ambiance est bonne, quelques vannes fusent, on est tous dans la même galère après tout.
 

Deuxième jour. Mathieu et Emilie accusent le coup, le mal des montagnes ne les épargne pas. Les paysages sont toujours incroyablement beaux. De l’Arbre de pierre au volcan Ollague, en passant par les élégants flamants roses, les appareils crépitent. La nuit tombe, on approche de l’hôtel. Un frisson parcourt la jeep. Merde! Mais on s’est fait avoir! De l’extérieur, ce qui devait être « un hôtel de sel avec chambre double, salle de bain privée et eau chaude » ressemble plutôt à un hangar agricole pas tout-à-fait terminé… Sueurs froides de courte durée. Une fois passé le seuil, c’est l’émerveillement! Tout le budget a été consacré à l’aménagement intérieur. Et les promesses sont tenues. Ah! Une douche chaude, un lit douillet, et un brin d’intimité, le bonheur! Et pour ne rien gâcher, la soupe est bonne!
 

Troisième et dernier jour, debout aux aurores. Non, avant, en fait. Car le but est de profiter du lever du soleil au milieu du Salar d’Uyuni (à une heure de route). Alberto se la joue: « je roule sans phare sur les étendues de sel, même pas peur », tout en nous contant des histoires d’accidents effroyables. Le jour se lève à peine. « Ce serait bien qu’il allume ses phares, quand même », lance Jeremy pas super rassuré à la place du mort. Dans l’habitacle, on est tendus comme des strings. Puis, on s’arrête. Il fait froid, on est au milieu d’une mer blanche à perte de vue. Les premiers rayons rasent la surface salée et rugueuse du Salar. Magnifique. Perso, j’en rêvais depuis dix ans! On va passer une bonne partie de la journée dans le blanc. De l’île Incahuasi, la fameuse, hérissée de milliers de cactus, jusqu’à Uyuni, où nous débarquons un peu sonnés, mais heureux.
 

La fine équipe: Anna-Lena, Mathieu, Emilie, Zian, Jeremy, Laeti

 
Il est temps de se dire au revoir, avec un petit pincement au coeur. Jeremy retourne au Chili. Emilie et Mathieu rejoignent La Paz le soir-même: 12 heures dans un « bus en bois », comme dirait Mathieu. Anna-Lena, comme nous, passe la nuit à Uyuni. Nous allons faire encore un petit bout de Bolivie ensemble.
 

Même serrés à sept dans notre 4×4, on aurait volontiers fait trois jours de plus.

Zian